Taurturomachie à l'immatérialité de notre pays. Analyse rapide d'Elisabeth Hardouin-Fugier

Publié le par Pression Ethique Anti Corrida Europe

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RAPPORT D’INSCRIPTION DE LA TAUROMACHIE

 

AU PATRIMOINE IMMATERIEL CULTUREL DE LA France

 

Analyse rapide d’Elisabeth HARDOUIN-FUGIER

 

5 Juin 2011

 

Analyse rapide publiée  avec l’aimable autorisation de Madame HARDOUIN-FUGIER qui  peut être contactée par courriel : elis.hardouin.fugier@wanadoo.fr

 

 

 

Fiche type d’inventaire du patrimoine immatériel de la France La corrida en France 

ANALYSE RAPIDE par Elisabeth Hardouin-Fugier

Ce rapport de 14 pages, a obtenu secrètement, en janvier 2011, l’inscription de la corrida sur la liste du patrimoine immatériel français, gérée par le Ministère de la Culture, F. Mitterrand étant ministre. Rendue publique lors de la corrida d’Arles (avril 2011), cette inscription, a soulevé une vague d’indignation qui dépasse de loin les associations militantes. .

 

L’IMAGINAIRE SUPPLANTE LA RÉALITÉ

 

Outre des constats matériels évidents (nombre des arènes, subsides accordées), parfois discutables (nombre des spectateurs), la partie du RAPPORT consacrée au spectacle lui-même est dominée par l’interprétation qu’en donnent ses partisans. Fondée sur les apparences visuelles, cette vision donne une version imaginaire du spectacle. Selon le RAPPORT, la victime est devenue le « héros de la cérémonie » à qui la corrida offre la « seule fin digne de lui et de son combat »à sa dépouille » (noter la connotation humaine) un tout d’honneur. On est en droit de s’interroger sur les titres scientifiques affichés par les co-signataires du RAPPORT, cautionnant pareille affabulation.

Un ignorant lisant le  RAPPORT ne pourrait imaginer que la corrida consiste à tuer un bovin avec toute la lenteur nécessaire pour produire un spectacle. Or « maintenir la vie dans la souffrance » est la définition que Michel Foucault donne de la torture. Techniquement parlant, le spectateur voit enfoncer dans le corps d’un bovin entre 15 et 17 armes successives, maniées selon une technique définie en 1796, mais qui « éxonère de tout questionnement », à la manière d’une révélation sacrée.

 

L’ « INUTILEMENT SANGLANT » ET « L’UTILEMENT SANGLANT »

 

le RAPPORT désigne ainsi l’ancien étripement des chevaux par les taureaux, avant que les équidés soient (partiellement) protégés par un caparaçon, (donc 150 ans d’étripements). « L’utilement sanglant » n’apparaît pas dans ce texte, qui s’abstient de citer la puntilla, pour se dispenser de décrire la longue agonie du taureau, affalé au sol, le plus souvent vivant, après les 80 cm de lame plantée (souvent à plusieurs reprises) dans son thorax. Entouré d’un ballet de cape pour le cacher, l’animal  agonise souvent très longtemps, par une décérébration au poignard (lésion de la moelle épinière) aux coups démultipliés (jusqu’à 30 fois) qui paralyse sans abolir la sensibilité, alors qu’on lui coupe l’oreille comme trophée du matador et qu’on extirpe les banderilles aux tenailles et couteau. Dans l’abattoir de l’arène, le taureau est souvent saigné à vif, contrairement à toute la législation sur l’abattage alimentaire.

Selon les autopsies de 90 taureaux combattus à la San Isiidro (1998) par les vétérinaires de l’arène de Madrid, la réalité est autre. Chaque taureau reçoit trois coups de pique s’enfonçant (en moyenne) à 21 cm chacune donnés sur la zone dorsale, une des plus  innervée du corps, brisant la colonne vertébrale C’est donc un animal gravement blessé, parfois mourant que « combattent » les matadors.

 

TUER L’ANIMAL COMME « ACTE D’ÉQUITÉ »

 

Les auteurs exhument le vieil argument d’une égalité des chances entre homme et bête, pour qualifier d’ »acte d’équité » la mise à mort du taureau. Or, la dangerosité du spectacle est plus inexistante que jamais, car les taureaux sont affaiblis par de multiples artifices : drogue, sciage des cornes à vif, piqûres et, tout simplement, une désorientation dont l’éthologie montre la longue durée. Inutile de rappeler que le taureau est amené de force à ce spectacle.

 

DE SURPRENANTES MÉCONNAISSANCES

 

Le taureau dit de combat n’est soumis qu’à « actions domesticatoires (sont )aussi discrètes et distanciées que possible ». Or, nul animal n’est plus trafiqué depuis des siècles : de brun, il devient noir. La torsion de ses cornes (tridimensionnelles, gênantes pour les matadors) est supprimée, au profit de cornes bidimensionnelles. Hyper-sélectionné et con-sanguin, aujourd’hui fabriqué à coup de sperme surgelés ou d’embryons implantés, bientôt clôné (dit-on !), nourri au pienso diététique, confiné dans d’étroits territoires, piqué aux anabolisants (100 kg acquis dans les derniers mois), mutilé de ses cornes, drogué, purgé, vessie vidée (rapport INRA), tel est l’animal qui apporterait aux citadins l’image d’une sauvagerie primitive

Le même auteur croit que l’élevage taurin génère un « réservoirs de biodiversité »Que n’a-t-il visité l’ancienne embouchure de l’Aude (Vendres) en océan de boue pétrifiée, chassant les chasseurs eux-mêmes, privés de tout gibier, rampant sous des barbelés et expulsés des prétoires. 

 

CORRIDA DE MUERTE, OBSTINÉMENT ESPAGNOLE

 

L’’implantation de la corrida en France est loin d’être un   :’ « engouement rapide », l’entrepreneur navarrais appelé, puis gratifié par Napoléon III fait faillite dès 1862. Les éleveurs espagnols visant un juteux marché français sont le plus souvent rejetés  Arles préfère ses jeux taurins jusqu’à la fin du XIXème siècle, l’’époustouflante arène-théâtre parisienne construite lors de l’exposition Universelle de 1889, en faillite, est détruite. La résistance acharnée de la journaliste Séverine et des pro-dreyfusard, Zola en tête, chasse la corrida de la région parisienne.

Il a fallu le bouleversement d’un après-guerre disposé à « tout croire pour tout oublier » pour que la loi Grammont soit dépouillée de son application en des zones réputées de tradition taurine (1951), qu’une magistrature complaisante transforme en régions entières. La reconnaissance de l’animal comme être sensible (1976), accentue une incongruité juridique et civique interdit de plus en plus souvent dénoncée.

La  vocabulaire reste aussi espagnol que le spectacle : la lettre A du dictionnaire de référence (Laffont) comporte 109 mots techniques espagnols contre 12 français.La concurrence ibérique contraint 94 % des éleveurs à  l’élevage alimentaire Seulement 1/8 des acteurs de corrida française  hommes et bêtes sont français. Les payeurs-malgré-eux de corridas s’insurgent, 70 % des Français souhaite la suppression de la corrida (sondage IFOP, août 2010), y compris les méridionaux, Nîmois en tête, mais trop de maires pensent encore que tout contribuable doit financer une maltraitance animale ailleurs pénalisée.

 

Un drame humain s’ajoute à celui de l’animal : des écoles taurines, subventionnées, amputent chaque année de très jeunes enfants de leur empathie naturelle, en leur enseignant à planter leur épée dans des veaux. "Bien sûr, on pourrait aller plus loin : faire homologuer la violence et la cruauté en général. Mais elles sont depuis longtemps inscrites au patrimoine mondial. En lettres de sang  Robert Solé, Le Monde, 17/12/2009

 

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Analyse rapide publiée  avec l’aimable autorisation de Madame HARDOUIN-FUGIER qui  peut être contactée par courriel : elis.hardouin.fugier@wanadoo.fr

 

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